Bâti sur l’emplacement d’un camp romain nommé Argentoratum, Strasbourg – place forte des routes – prend son essor au cours de la période carolingienne. Au Moyen-Âge, la cité a le statut de “ ville libre ” du Saint-Empire Romain Germanique. C’est à cette période que débute la construction de la Cathédrale, dont les fondations remontent à 1015. Au cours de la longue aventure des bâtisseurs, émergeront deux figures, Erwin von Steinbach et Jean Hültz qui achève l’unique flèche d’une hauteur de 142 mètres, en 1439.
À partir des années 1430, on peut parler de période bénie pour Strasbourg qui devient un centre intellectuel de premier plan avec Gutenberg, Jean et Jacques Sturm ou Sébastien Brant. C’est à cette époque qu’est érigée la Maison Kammerzell, un des plus beaux exemples de l’architecture civile de style Renaissance du bassin rhénan. C’est aussi à cette période que sont bâtis bien des édifices de la Petite France, un quartier qui a la semblance d’une véritable carte postale : maisons à colombages lovées le long de l’eau, ruelles charmantes où tout incite à la flânerie… Après des décennies difficiles (guerres, famines…), un second Âge d’Or débute lorsque la cité est intégrée dans le Royaume de France en 1681 avec le statut de “ ville libre royale ”.
Le XVIIIe siècle marque un réel renouveau architectural : des merveilles d’élégance et de classicisme naissent comme le Palais Rohan (achevé en 1742, il abrite aujourd’hui plusieurs musées) ou L’Aubette. Cette dernière, aménagée bien plus tard, dans les années 1920 par Theo van Doesburg, Jean Arp et Sophie Taeuber-Arp fait aujourd’hui figure de “ Chapelle Sixtine de l’art moderne ”.
Strasbourg est ensuite emporté dans la tourmente révolutionnaire : Rouget de l’Isle y écrit et crée la future Marseillaise, en 1792. Au cours de la Guerre de 1870, l’espace urbain est durement touché par les bombardements. Après la défaite française, l’Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées et Strasbourg devient capitale du Reichsland Elsass-Lothringen. Les autorités allemandes font sortir de terre la Neustadt (“ ville nouvelle ”) entre 1871 et 1918, acte urbanistique aux résonances politiques. En cours de classement au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, elle est un extraordinaire témoignage de l’architecture wilhelminienne.
Déchiré entre France et Allemagne au cours du XXe siècle, avec deux Guerres mondiales, Strasbourg, symbole de la réconciliation entre les deux pays, est aujourd’hui devenu capitale européenne puisqu’elle abrite le siège du Parlement européen et nombre d’institutions internationales comme le Conseil de l’Europe ou la Cour européenne des Droits de l’Homme (conçue par Richard Rogers, prix Pritzker 2007). Rassemblés dans un “ Quartier européen ”, ces édifices permettent une véritable promenade dans l’architecture contemporaine.